Avec cet article, j’inaugure une nouvelle catégorie, celle des livres que j’ai lus et qui m’inspirent au quotidien dans ma vie personnelle et professionnelle d’accompagnante du féminin.
Je commence par ce livre que j’ai lu il y a quelques mois : Lucy, la femme verticale, d’Andrée Chédid.
Je suis toujours intéressée de lire des écrits de femmes ayant l’expérience de la vie, avec une sagesse, un recul sur les choses que je n’ai pas. Andrée Chédid est l’une d’entre d’elles.
Ce livre n’est pas ditactique, c’est un récit. Andrée Chédid n’est pas une professionnelle du bien-être, c’est une poétesse.
Et pourtant, ce livre m’a bouleversée. Il a touché une corde sensible en moi, et est tout à fait digne de figurer parmi les livres traitant du féminin sacré.
# De quoi ça parle ?
Ce court récit écrit à la première personne est tour à tour un monologue de Lucy puis de l’auteur.
Lucy, la première australopithèque (dont les fossiles ont été retrouvés en 1974), célèbre pour être passée de la position de quadrupédie à la position verticale il y a plus de 3 millions d’années. Lucy a révolutionné notre perception de nos origines humaines.
Ce livre n’est pas du tout un traité historique. Nous sommes renvoyés à l’époque de Lucy, nous sommes plongés dedans. L’auteur brûle de rencontrer cet être qui bouleversa complètement le futur de l’humanité. Elle est pleine d’une curiosité insatiable de la rencontrer, et en même temps, son dessein est de ne pas lui permettre de vivre.
En effet, Andrée Chédid fait une supposition très intéressante : si Lucy ne s’était pas redressée, l’Humanité n’aurait peut-être pas évolué ainsi, il n’y aurait peut-être pas eu autant de progrès technologiques, scientifiques, etc. qui selon elle ont mené essentiellement à des guerres, des massacres, des tueries. Si elle parvient à empêcher Lucy de vivre, le devenir de l’humanité sera tout autre.
Il y a toute une réflexion passionnante et bouleversante sur ce que l’auteur imagine être la vie de Lucy, ses émotions, ses sentiments, ce qu’elle peut ressentir : j’ai été très touchée par la solitude qu’a pu ressentir cette jeune femme au milieu de ses congénères qui eux se déplacent sur 4 pattes. L’auteur nous raconte ses premières tentatives pour se redresser, marcher debout, ses chutes, ses renoncements, les brimades des autres, ce corps qui n’obéit pas car non adapté à la position verticale. C’est extrêmement émouvant.
Andrée Chédid raconte cette flamme, ce feu intérieur qui habite Lucy et la fait recommencer encore et encore. Ne jamais renoncer, même si elle ne sait pas pourquoi elle fait cela, même si cela n’a aucun sens. En apparence.
Je ne vais pas spoiler la fin, mais il y aussi ce passage où l’auteur et Lucy se rencontrent… et où tout bascule.
# Ce que j’en retire pour ma vie de femme
Et donc pour la tienne aussi 😉
J’ai été touchée par les mots d’Andrée Chédid retraçant de façon douce et sensible ce que peut ressentir Lucy dans son intériorité alors même qu’elle se distingue par sa particularité au sein de son groupe.
Evidemment, tout cela est hypothétique, fantasmé, imaginé, mais les mots ont touché mon cœur de femme et je me suis sentie réellement proche de cette ancêtre, tellement semblable. 3 millions d’années nous séparent, mais cette femme et moi ne faisons qu’un dans notre façon de percevoir le monde.
Lucy la visionnaire. Lucy l’avant-gardiste. Qui ne renonce pas. Qui lutte. Qui chaque jour se laisse mouvoir par ce feu qui l’habite, qui s’abandonne à une volonté plus grande qu’elle et dont elle ne comprend pas le sens.
# Un appel militant à se tenir debout
Ce livre raconte la force d’une femme, la puissance du changement et de la volonté habitée par une lumière intérieure.
Ce livre parle de lâcher prise. De s’abandonner à ce qui est et contre lequel il ne sert à rien de lutter.
Ce livre parle de toutes les femmes. Et à toutes les femmes.
Aujourd’hui, nous sommes verticales, nous marchons sur nos deux jambes.
Mais trop souvent nous oublions de nous redresser, de nous tenir debout, fières et dignes. Nous oublions de regarder droit devant nous. De ne pas avoir honte de ce que nous sommes et de ce que nous faisons.
Nous avons oublié que nous avons une colonne vertébrale, un axe qui nous relie entre le haut et le bas et fait de nous un pont entre la Terre et le Ciel.
Un jour, il y a plus de 3 millions d’années, une femme s’est redressée, s’est mise debout et s’est élancée dans le monde. Extraordinaire !
Ne l’oublions pas. N’oublions pas Lucy.
Ce livre est un appel pour nous les femmes, à nous verticaliser, à comprendre que nous portons le monde dans notre matrice. Et qu’il n’est pas pareil d’appréhender le monde en étant courbée vers le sol, ou en portant notre regard loin devant nous.
N’ayons pas peur. Soyons fières et majestueuses.
Debout. Marchons fièrement. Sur notre chemin de Vérité.
Merci Andrée Chédid.
# Extrait
Je grandirais. Tu verras !
Ma taille s’allongera. Mon cerveau s’accroîtra. Mes émotions se multiplieront. Je suis, nous sommes, un silo de pensées, un réservoir d’idées, une citerne d’interrogations.
Que ferez-vous de ces dons que je m’acharne à vous transmettre ? Qu’en ferez-vous ?
Tandis que mes genoux s’affermissent, je vous pressens mes enfants d’un autre âge. Je vous entrevois, avec émerveillement, avec horreur. Je vous serre contre ma poitrine velue et du même geste je vous repousse ; vous qui célébrerez vos morts, mais produirez mille cruelles façons de vous exterminer et de disparaître, avant que la nature vous interrompe.
Mais je dois rester joueuse, innocemment joueuse.
Je me contenterai d’être votre racine et de risquer, malgré mes défiances, notre nécessaire destin.
Je dois parier sur vous.
Il le faut. J’y suis contrainte.
Andrée Chédid, Lucy, la femme verticale
Lucy est une féministe qui nous enjoint à prendre notre responsabilité de femme, à nous lancer avec ardeur et conviction dans le combat de la vie, à ne jamais renoncer.
Après avoir lu ce livre, je me dis que c’est un devoir envers elle, cette petite aïeule qui est notre mère à tous, autant qu’un devoir envers toutes celles qui me suivront.
Je ne suis qu’un maillon sur la longue chaîne des femmes de l’humanité, et je dois faire ma part.
P.S : je ne prétends pas être historienne et il y a sans doute de grosses approximations dans ce que j’écris. J’écris avec mon cœur, mon ressenti, tous deux connectés via ce merveilleux récit à ce qui a pu être ma première ancêtre.
A bientôt !
Claire