Les règles, les ragnagna, les menstrues, les Anglais qui débarquent… les lunes. Autant de noms plus ou moins poétiques, associés au cycle des femmes. Lui-même corrélé à une imagerie plus ou moins négative, en tout cas rarement à l’avantage de la femme menstruée. J’entends encore ma voisine me demander il y a quelques années, si je les avais, parce que si c’était le cas, j’allais faire tourner la mayonnaise qu’elle était en train de faire…
Perpétuées depuis des centaines d’années, l’imagerie collective et individuelle du cycle menstruel nous colle à la peau. Une croix, une plaie, un mauvais moment à passer, source d’ennuis potentiels (des douleurs des premiers jours à une grossesse non désirée potentielle), le sang des femmes a fait couler beaucoup d’encre, de larmes et de sueurs. Il y a peu, la solution miracle semblait être de s’implanter un diffuseur hormonal sous la peau, afin de pouvoir vivre totalement libérée de ce fardeau, en n’ayant même plus ses règles, nos hormones totalement sous le contrôle de la chimie. Une femme efficace, productive 7 jours/7, rentable, qui n’emmerde plus les autres avec ses sautes d’humeur ou ses maux de ventre. Femme du XXIème siècle bonjour !
Aujourd’hui, nous avons tout oublié ou presque du savoir de nos aïeules sur le sang des lunes. Nous avons oublié que nous les femmes sommes cycliques, que la linéarité n’est pas du tout physiologique et naturelle. Non il n’est pas anormal de ne pas être en forme chaque jour qui passe. Oui, il y a des jours où on pète le feu, d’autres on est ramollo ; certains jours on a envie de prendre le monde dans ses bras, d’autres où encore mieux vaut nous laisser tranquille.
Nous sommes femmes, pluriELLES, cycliques, passionnées et passionnantes. Nous sommes vivantes !
Nous sommes lunaires : je parle du sang des lunes, et de femme lunaire, car le cycle de la femme, scindé en 4 phases d’environ 7 jours, est étrangement en corrélation avec le cycle de la lune, d’une durée de 28 jours, découpé également en quatre phases principales.
Quand allons-nous comprendre que se réapproprier notre cycle et sa sagesse peut nous permettre de mieux nous connaître, aux autres de mieux nous comprendre ?
Comprendre toutes les phases d’énergie qui nous traversent au cours de notre cycle nous permet de vivre mieux, plus intensément, plus efficacement aussi. Si nous savons où nous en sommes dans notre cycle menstruel, nous n’essaierons plus de déplacer des montagnes en période de nos lunes, nous cesserons d’aller à contre-courant de nos rythmes intérieurs. Au contraire, nous adapterons notre emploi du temps au plus près de notre physiologie et non l’inverse. La voilà, la femme libérée du XXIè siècle !
Dans cet article, je t’expose brièvement les quatre phases du cycle lunaire de la femme, qui sont calquées sur le flux des hormones dans ton corps ; ainsi que l’intérêt pour toi de connaître ton fonctionnement intime.
# Phase 1 : la Femme Sage = le temps des lunes
Voilà le début d’un nouveau cycle. C’est la période menstruelle. Le sang des lunes s’écoule, entraînant un très gros travail de nettoyage physique, psychique et émotionnel. Notre corps et notre être tout entier ont besoin de repos et de soins, afin de les laisser tout entiers disponibles pour ce processus de purification.
C’est un temps où nous devrions nous retirer de la vie publique, professionnelle et familiale. Idéalement, nous devrions prendre un temps de retraite, loin de toute sollicitation, afin de permettre à notre utérus ouvert de se connecter à la Terre Mère et de recevoir tous les messages et la sagesse dont nous aurons besoin lors de ce nouveau cycle. C’est un temps de grand enseignement pour qui sait écouter et prendre le temps de s’écouter.
Quelle tristesse de voir qu’aujourd’hui, les femmes sont tenues d’être disponibles et efficaces 24h/24.
Il est extrêmement difficile de tenir la résolution de se retirer en soi et du monde comme le faisaient nos aïeules amérindiennes. Elles prenaient un temps de Tiyoweh (= entrer dans la Tranquillité) les trois premiers jours de leurs lunes.
Et pourtant, si nous respectons plus cette phase de repos et de purification, notre corps nous remerciera au centuple lors des autres phases.
C’est avant tout à nous de faire changer les choses : si nous n’imposons pas ce temps aux autres, personne ne nous l’accordera !
La première personne la plus difficile à convaincre est soi-même : en ces temps modernes où nous devons être efficaces et sommes surmenées, la panique peut nous submerger si nous décidons de sortir de la Vie durant quelques heures ou mieux quelques jours.
Mais si tu t’accordes ce précieux cadeau, c’est la Vie en toi que tu sers.
Il faut l’expérimenter pour le croire. Essaye. Une heure pour commencer.
Ecoute-toi : si tu es crevée, épuisée : repose-toi. Une heure, rien qu’une heure pour commencer. Couche-toi plus tôt. Ne fais pas de sport durant quelques jours. Réduis tout ce que tu peux réduire.
Essaye.
# Phase 2 : la Jeune Fille = période pré-ovulatoire
C’est une phase où se sent ré-énergisée, rechargée, dynamisée. C’est comme si on avait fait peau neuve durant le temps des lunes. Nous voilà prêtes pour un nouveau cycle ! En pleine forme, allégée.
C’est une phase où notre masculin se réveille et vient nous aider à être efficace, rapide. Dans l’action concrète. Nous nous mettons en mouvement, nous sommes tournées vers l’extérieur et les autres.
C’est une phase qui répond bien aux attentes de la société : nous sommes pleine d’ardeur, efficaces au travail, accomplies et pleines d’entrain.
On voudrait que cette phase dure tout le temps, car c’est celle qui correspond le plus à celle que la société attend de nous, et nous nous sommes faites à l’idée d’être performantes et positives en tout temps. C’est aussi une phase où physiquement nous nous sentons moins lourdes, plus fines, plus sportives, encore un diktat de la société que nous avons fait nôtre.
Ce qui est chouette c’est que durant cette phase tu vas pouvoir rattraper le « retard » que tu aurais pu prendre en te reposant durant tes lunes.
Et non, désolée cette phase ne dure pas. Comme tu es cyclique, elle dure environ 7 jours et se termine pour laisser la place à la phase suivante.
# Phase 3 : la Mère = période ovulatoire
Te voilà blindée d’oestrogènes, hormone maternelle. Ton ovule commence sa maturation dans ton ovaire, puis est expulsé hors de l’ovaire au moment du pic hormonal = l’ovulation.
Physiquement, tu peux le constater car c’est souvent une période où tu peux avoir des pertes plus ou moins glaireuses. Oui, ce n’est pas très glamour, mais là on parle de ton corps, de l’organique. On n’est pas dans la théorie, tu veux te connaître ou pas ?
Avec le temps, tu peux développer un niveau de perception tellement fine que tu peux dater précisément la date de ton ovulation. Très intéressant pour une contraception naturelle par exemple.
La phase de la mère porte bien son nom : c’est une phase où nous sommes naturellement bienveillantes et tournées vers les autres. Nous sommes plus disponibles, plus tolérantes, nous sommes dans l’amour inconditionnel, pour notre partenaire, notre famille, nos enfants, nos amis.
L’ovule est fécondable, notre matrice est fertile. Nous sommes dans une énergie yin, disponible, féconde et accueillante pour un enfant, un projet.
Nous nous sentons fortes et sereines, le cœur grand ouvert.
Encore une phase très valorisée par la société, et que nous avons du mal à quitter car elle est socialement acceptable.
# Phase 4 : L’Enchanteresse = période prémenstruelle
L’ovule n’a pas été fécondé. Le col de l’utérus se referme. C’est une période où nous commençons à nous retirer en nous-même, une période où nous sentons une tension intérieure qui monte progressivement jusqu’à relâchement lors des règles.
Cette phase est la fameuse période tant redoutée, celle du Syndrôme PréMenstruel (SPM), celle où nous pouvons nous transformer en dragons ou mégères hurlantes. Seulement si nous ne nous sommes pas respectées dans les autres phases. C’est la loi de cause à effet :
La phase de l’Enchanteresse, pour moi, c’est la phase où ta Gardienne intérieure rentre en action.
Merveilleuse phase de créativité, de rêves puissants et de visions inspirées si tu es en phase (!) avec toi-même et ton cycle ; elle se transforme en parcours du combattant avec douleurs abdominales, maux de tête, seins douloureux, et humeur en dents de scie si tu as été un peu légère et peu à l’écoute lors des autres phases, en particulier celle de la Sage Femme.
Considère cette phase de l’Enchanteresse comme ta boussole intérieure, celle qui te permet de checker si tu es en accord avec toi-même, celle qui te donne de précieuses indications sur ce que tu pourras rectifier ou ajuster lors du cycle suivant. Elle te permet d’apprendre : remercie-la !
Nous sommes à fleur de peau, ultra sensibles, de plus en plus fatiguées plus nos lunes approchent. La colère peut surgir si nous ne nous sentons pas respectées, si nous ne nous respectons pas et ne posons pas nos limites.
Ce bouillonnement d’énergie yang peut s’exprimer par une créativité débordante, une envie furieuse de faire le ménage, d’épurer notre lieu de vie et notre corps pour accueillir la phase suivante… et recommencer un nouveau cycle.
# Ok, mais je fais quoi avec tout ça ?
D’accord, la théorie est jolie et fluide, mais en pratique ça donne quoi ?
La seule clé : expérimente, ressens, teste, observe, tout ça à la fois. Chaque jour qui passe. Mets-toi à l’écoute de ton corps.
Ne cherche pas à tout comprendre, tout apprendre en une seule fois. Autorise-toi à prendre le temps d’observer. Aussi longtemps qu’il le faut. Imagine que tu pars en voyage, à l’aventure de ton intériorité et de ton cycle !
Place-toi en état de réceptivité, adopte une posture humble. Oui certains jours tu ne vas rien comprendre. Oui certains jours tu vas penser que tu es dans telle phase, et puis finalement… non.
Ne cherche pas à faire coller la réalité à la théorie, fais exactement l’inverse : fais coller la théorie à ta réalité, la tienne, l’unique, la seule !
Peut-être as-tu un cycle régulier ? Peut-être est-il complètement anarchique ?
Peut-être es-tu sous contraception hormonale, peut-être pas ? Peut-être n’es-tu plus menstruée ?
Le plus simple est de partir du premier jour de tes lunes, de le compter comme le jour 1 de la phase 1. Et ensuite… observe ! Sur plusieurs cycles. Tu as de la chance, chaque phase revient tous les mois, tu as environ 12 possibilités d’observation pour une seule année. Fantastique !
Prends des notes sur ton ressenti, ton niveau d’énergie, ta météo émotionnelle. Que disent ton corps, ton cœur, ton esprit, ta créativité, tes rêves ? Je te conseille vivement de tenir un journal de tes lunes.
Les portes d’entrée dans ton cycle lunaire sont innombrables. Laisse-toi faire. Prends-le comme un jeu, ne sois pas trop sérieuse. Donne-toi le temps d’apprendre. Cet apprentissage prend toute une vie, car comme ton cycle, ta vie de femme l’est également. Sois patiente, indulgente et douce envers toi-même.
Petit pas par petit pas .
Tu verras au fil du temps, des tendances vont se dessiner. Tu vas mieux te connaître, et à partir de cette base solide, tu pourras poser les fondations d’un emploi du temps entièrement articulé autour de toi et de ton niveau d’énergie, de plaisir et de créativité. Tout sera plus fluide et harmonieux. Ton entourage bénéficiera également d’une compagne, maman, collègue plus épanouie, plus libre et moins à cran. C’est tout bénèf !
# D’accord, mais pourquoi ?
Sois convaincue que ton cycle est d’une richesse inestimable, et que chaque phase a quelque chose à t’apporter. Il n’y a pas une phase qui est meilleure qu’une autre, aucune phase n’est « nulle », ou à bannir, ou à faire passer le plus rapidement possible.
Plus tu vas respecter et honorer chaque phase, plus tu vas te respecter et t’honorer, plus tu vivras à 100%, plus tu seras heureuse et épanouie.
Se reconnecter à son cycle de femme, c’est amorcer un processus de reconnexion à son intimité, à son intériorité profonde.
C’est amorcer un processus de guérison du féminin. Pour nous-même, pour nos filles, pour nos lignées féminines.
C’est un travail de longue haleine, qui demande humilité, observation, intériorisation, expérimentation et partage avec d’autres femmes.
Toute femme qui est sur son chemin de transformation personnelle ne peut ignorer son cycle. Mieux, elle est obligée, à un moment ou un autre de son parcours, de se connecter, ou se reconnecter à son cycle.
Une femme qui ignore son cycle se heurte à un moment donné à l’impossibilité de comprendre la nature même de la vie.
Car la femme est cyclique, la femme est lunaire, comme la Nature, comme la Vie.
Si tu as envie, tu peux prendre le temps de lire l’article ci-dessous. Il montre l’importance capitale de la reconnexion à soi-même, au milieu de ce réveil des femmes auquel nous assistons.
J’espère que cet article t’aura montré l’importance pour une femme de se (re)connecter à son cycle, et donné quelques pistes pour commencer à t’observer avec plus de conscience et de présence à toi-même.
A bientôt !
Claire
Merci Claire pour ce magnifique article, très intéressant !! Nous avons tant de choses à réapprendre dans notre société « moderne « !